DOSSIER : SANTE PUBLIQUE Madagascar n’est jamais à l’abri des épidémies chaque année

Alors que la rougeole et la peste ont fait parler d’elles l’année dernière en faisant bon nombre de victimes, enfants et adultes, cette année a mal commencé par les épidémies du paludisme et de la dengue ainsi que la pandémie du Covid-19. Madagascar n’a jamais été à l’abri des épidémies des maladies infectieuses, virales et transmissibles chaque année et le pays traverse actuellement une crise sanitaire.

Tout d’abord, les épidémies ont commencé par le paludisme au premier trimestre de cette année et la situation n’a cessé d’être préoccupante à ce jour surtout dans la partie Sud de l’île avec une hausse du taux de prévalence alarmante. La maladie touche les enfants de moins de trois ans et des femmes, selon les explications du directeur régional de la Santé publique, région Androy. Dans le district de Betroka, le député élu dans cette circonscription a déclaré 80 cas de décès depuis le début de l’épidémie. En fait, 18 sur 20 communes de la région Androy sont durement touchées par le paludisme comme Bekily, Tanandava, Beraketa, Farahantsa…

487 décès et 463.000 malades en ce premier trimestre

Envoi des moustiquaires dans les zones paludéens.

Au total 463.000 cas de paludisme ont été confirmés et 487 cas de décès seulement en trois mois de cette année, une forte hausse de prévalence par rapport à l’année dernière, soit plus d’un million de cas et environ 6.000 morts durant toute l’année 2019. Ces informations ont été révélées par le directeur de la Promotion de la santé publique, le Dr Manitra Rakotoarivony, lors de son intervention inscrite dans le cadre de la Journée de lutte contre le paludisme, le 25 avril dernier. 70% de ces cas ont été identifiés fréquemment dans 9 districts des régions Atsinanana, Atsimo Atsinanana, Vatovavy Fitovinany, Ihorombe, Anosy, Atsimo Andrefana et Sofia, suite au passage des catastrophes naturelles comme les pluies, les cyclones et les inondations.

Dormir sous une moustiquaire pour se protéger des moustiques.

Face à l’ampleur de la situation, une équipe du ministère de la Santé publique et du service de lutte contre le paludisme (SLP) ont effectué des descentes sur le terrain dans les districts les plus touchés comme Befotaka, Betroka, Vondrozo, Manja, Ivohibe, pour constater de visu l’évolution du paludisme, de traiter les cas et de sensibiliser les populations sur la prévention de la maladie. A Beraketa, par exemple, des consultations gratuites suivies de la distribution des médicaments de traitement de la maladie ont été réalisées sur place en faveur des populations, la semaine dernière. A ces actions s’ajoutent l’aspersion intra-domiciliaire d’insecticides, la dotation de moustiquaires imprégnées d’insecticides, la sensibilisation sur le respect de la propreté et l’assainissement de l’environnement. Pour le moment, le paludisme est encore loin d’être éliminé à Madagascar ayant un climat tropical chaud et humide favorable à la prolifération des moustiques, vecteur principal de la maladie. Sauf pour Antananarivo, Antsiranana I, Antsirabe I et II, Manjakandriana et Ambatolampy qui avancent vers l’élimination depuis l’année 2018 à ce jour, avec un taux de  positivité en paludisme inférieur à 5%, c’est-à-dire parmi les 100 personnes testées, 5 au moins sont positives, qui signifient atteintes du paludisme.

Situation alarmante de la pandémie du Covid-19

Vient ensuite le Covid-19 depuis le 19 mars. Ce qui le différencie du paludisme, c’est que le premier se présente avec de la toux accompagnée des affections respiratoires rendant des complications sur le traitement en cas de retard de la prise en charge. Mais les deux maladies présentent les mêmes symptômes dont la fièvre, la hausse des températures et la douleur musculaire, qui peuvent être dépistées par les TDR et traitées comme les autres maladies si les médecins sont consultés à temps.

La distribution gratuite des masques de protection.

En ce qui concerne le coronavirus, en particulier, c’est aussi une maladie virale dont la forme grave se présente sous forme de syndrome d’affection respiratoire aigüe comme complication entraînant le décès du patient si ce dernier n’est pas pris en charge à temps, a expliqué le Pr Vololontiana Hanta Marie Danielle. Il existe des cas symptomatiques, asymptomatiques et des porteurs sains du virus. Depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire lié à la pandémie du coronavirus, la situation varie suivant l’évolution du nombre des cas positifs confirmés à partir des résultats des prélèvements PCR de l’Institut Pasteur de Madagascar jusqu’à ce que les statistiques aient explosé à Toamasina depuis le début de ce mois de mai, avec deux cas de décès déclarés en l’espace d’une journée.

Le danger des cas contacts

Le dépistage de masse à Toamasina.

En fait, parmi les raisons de la hausse du nombre des porteurs de virus figure la prolifération des cas contacts importés de l’intérieur du pays, soit de Toamasina vers Antananarivo et Antsirabe ou d’Antananarivo vers d’autres régions dont dernièrement le nouveau cas de Mahajanga. Dans la capitale, d’autre part, la gestion de la crise s’avère difficile face à l’insouciance et au manque de conscience des populations par rapport au respect des consignes de sécurité sanitaire face au danger des contacts. A Manarintsoa-Isotry, 16 personnes ont été contaminées par le virus porté par un malade, situation similaire au sein de la société Ambatovy nécessitant la mise en quarantaine du personnel. Un dépistage en masse a été organisé dans la capitale Betsimisaraka pour identifier les causes de l’augmentation du nombre des cas positifs. Et les résultats des prélèvements de l’équipe mobile de l’IPM n’ont cessé de surprendre en récoltant bon nombre de cas positifs à Toamasina, soit plus de la moitié de ceux enregistrés dans toute l’île, au nombre de 91 en cours de traitement à l’hôpital Morafeno et au foyer social Canada.

Remède traditionnel CVO

Le problème à Madagascar réside sur le non respect des dispositifs comme le port du masque obligatoire, la distanciation sociale, le confinement et le lavage des mains avec du savon ou du gel désinfectant. Malgré tout, à l’initiative du président de la République, en partenariat avec l’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA), un produit  à base de la plante Artémisia a été lancé le 20 avril, dénommé Covid Organics ou Tambavy CVO contribuant à la prévention du Covid-19. Le directeur général de l’IMRA, le Dr Charles Andrianjara, a bien souligné que toutes les procédures scientifiques, cliniques et médicales ont été suivies avant de le lancer au public et il n’y aura pas de quoi à s’inquiéter sur ses indications pour la prévention du coronavirus.

Le Tambavy CVO.

Le premier responsable de l’IMRA a tenu à rassurer que le CVO contribue à la prévention du coronavirus par le renforcement du système immunitaire grâce à ses multiples vertus anti-inflammatoires, anti-infectieux et antibiotiques. Le produit en forme curative a été prescrit aux patients du coronavirus pris en charge dans tous les hôpitaux et l’expérience a été une réussite pour réduire le symptôme de la maladie. Notons qu’un pack familial de CVO a été distribué gracieusement dans les fokontany et le produit est aussi disponible dans les pharmacies, les grandes surfaces et stations services.

La dengue a inquiété la population de Mahajanga

La moustique Aedes, vecteur de la transmission de la dengue.

La propagation d’une maladie inconnue a inquiété la population de Mahajanga vers la fin du mois d’avril. Les spécialistes ont confirmé que ce n’était pas le paludisme, ni encore le coronavirus, si les symptômes semblaient assez similaires. Après analyse, il a été confirmé qu’il s’agissait, en fait, de la maladie de dengue.  24 malades sur les 27 ayant fait l’objet de prélèvement de sang qui, par la suite a été envoyé urgemment à l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), ont été déclarés positifs d’après les résultats. Les informations sont tombées aux mains des membres du Comité de commandement opérationnel (CCO Covid-19) de la région Boeny, conduits par le Gouverneur, le samedi 3 mai vers la fin de l’après-midi. En vérité, il s’agit de l’épidémie de dengue qui a sévi dans la capitale Boeny touchant plus d’une vingtaine de personnes réparties dans divers quartiers faisant penser au paludisme et au coronavirus, entre autres, Tanambao-Sotema, Antanimasaja, Antanimalandy, Ambondrona, Mahatsinjo, Tsararano.

Une maladie qui se soigne

Cette maladie se transmet par piqûre de moustiques, Aedes aegypti, le vecteur principal de la dengue et a pu accélérer rapidement sa propagation dans la ville des Fleurs. Il s’agit d’une maladie virale présentant des symptômes proches du Covid-19. Le malade souffre d’une forte fièvre accompagnée d’une crise de vomissement. Il pourra aussi sentir une grande fatigue et être victime de courbatures et d’inflammation. Un autre symptôme se manifeste par la perte de goût et un risque d’hémorragie connu sous le nom de la dengue hémorragique, qui ensuite pourra finir par la mort.

Les symptômes de la dengue.

Mais, la direction régionale de la Santé publique Boeny a assuré que la dengue est une maladie qui se soigne et qu’il faut consulter un médecin dès l’apparition des premiers symptômes. Il a aussi rappelé la nécessité de procéder au grand nettoyage de l’environnement des habitations en insistant dans les endroits humides et broussailleux. En outre, les populations ont été conseillées de porter des vêtements couvrant tous les membres jour et nuit pour se protéger de la piqûre des moustiques jour et nuit, sans oublier de dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Par ailleurs, la prise en charge des malades de la dengue a été gratuite et la situation est actuellement maîtrisée avant la déclaration d’un cas positif de Covid-19, le lundi 18 mai dernier.

Pour conclure, le paludisme, le Covid-19 et la dengue constituent les trois maladies qui restent ancrées dans l’histoire de la santé publique à Madagascar depuis le début de l’année à ce jour. Elles font partie des maladies créant de la crise sociale et économique nécessitant la prise de conscience de tout un chacun de rester toujours soucieux de l’état se santé et de se protéger. Une population en bonne santé contribue davantage au développement du pays…

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