MARIAGE TSIMIHETY : Ce qui reste de notre temps

Pour ne pas vouer à disparaître, une tradition a besoin de muer, de suivre l’air du temps sans pour autant perdre les valeurs et ses enracinements profonds. Le mariage Tsimihety ne fait pas exception. Jadis, c’était un évènement faste et glorieux. De nos jours, des rituels demeurent et témoignent de la prospérité de cette civilisation.

« Tsimihety » est un groupe ethnique de Madagascar, occupant une partie importante du nord de l’île correspondant notamment à la région de l’Androna, de Mandritsara et de Bealanana. Le territoire traditionnel tsimihety est enclavé entre celui des Antankarana au nord, des Sakalava à l’ouest, des Betsimisaraka à l’est et des Sihanaka au sud, et c’est sans doute pour cette raison que, de par leur langue et leurs coutumes, les Tsimihety semblent également occuper une situation intermédiaire. Un mariage chez les Tsimihety est d’abord un accord entre les parents des mariés. Une fois, l’accord conclu, on peut effectuer la cérémonie traditionnelle dont la particularité peut se dégager en trois étapes.

« Magnantianty » (accueillir)

Lorsque les deux familles des futurs ont donné leur accord à l’union, au jour déclaré faste par le devin, mpisikily, le père du jeune homme, avec une petite escorte de parents, accompagne son fils pour aller chercher la jeune fille à son domicile familial. Propre à la tradition tsimihety, pour montrer que la famille de la fille est d’accord à cette union, elle envoie une escorte de jeunes gens pour accueillir la famille du garçon avant leur arrivée à la maison. Durant ce moment, l’escorte de jeunes gens entame des « hosiky » (chant traditionnel tsimihety) pour manifester leur joie, suivis de la traditionnelle danse « katoko ». L’escorte accompagne la famille du garçon dans la joie et la bonne humeur jusqu’à l’arrivée au domicile de la jeune fille.

« Manarogno » (habiller)

Comme dans tout mariage traditionnel malgache, après les échanges verbales, l’octroi des « vodiondry et des tapimaso », les Tsimihety procèdent à ce qu’on appelle « fanaronagna ». Le fiancé offre à sa future compagne des effets vestimentaires, robes et tissus lamba, et des bijoux dont elle se pare aussitôt. En général, la famille du jeune emmène toute une valise remplie de vêtements, de chaussures, de bijoux et de tout ce dont une femme aura besoin. « Manarogno » désigne la cérémonie qui consiste à habiller la jeune fille par tous les vêtements qu’a ramené la famille de son fiancé. La tradition veut que ce soit les belles sœurs de la mariée qui l’habillent. Chez les Tsimihety, c’est une tradition qui a pour objectif de rassurer la famille de la fille que leur enfant sera convenablement vêtue et ne manquera de rien car son époux prendra soin d’elle.

« Manatitratitry » (raccompagner)

Au moment du départ, une escorte se forme avec parents et amis ; la jeune fille emmène avec elle son trousseau constitué de vêtements, nattes, rabanes. Les vêtements sont ceux que lui ont offerts ses parents et son fiancé ; les nattes et rabanes, c’est bien souvent elle-même qui les a tressées et tissées. La natte lui servira de couche nuptiale, les rabanes de moustiquaire (lay) et de couverture ou drap. La jeune fille n’emporte aucun mobilier cassant, car cela pourrait entraîner rupture de l’union dès le début. Arrivée au village du mari, l’escorte de la femme assiste à une cérémonie de dernier « tso-drano » (bénédiction). Cette dernière étape consiste également pour la famille de la fille à voir l’endroit où leur enfant va vivre désormais et tisser un lien avec la communauté de son époux. Outre ces trois points, le mariage Tsimihety ne diffère pas du mariage traditionnel malgache.

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