Avant même la crise actuelle, la faim était une réalité quotidienne à Madagascar. La situation dans le Sud en a toujours été la parfaite illustration. Or la réponse actuelle face la crise donne la priorité aux domaines de la santé, de l’économie et des infrastructures (routes, complexes sportifs…). Pour de nombreuses raisons, il faut mettre l’accent sur la sécurité alimentaire donc l’agriculture, l’agroalimentaire et le développement rural qui sont des enjeux et domaines primordiaux d’autant plus que le pays est fortement dépendant à l’égard des importations alimentaires.
En effet, dans le pays, l’agriculture représente encore une très grande partie des activités économiques, plus de 75% de la population nationale vivant en milieu rural. Or la pandémie de COVID-19 menace ce secteur et donc le rôle essentiel qu’il joue en matière de développement et dans la lutte contre la faim et la pauvreté.
Les perturbations subies par les systèmes de transport et de distribution suite aux mesures prises depuis le mois de mars dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire entravent l’accès aux intrants essentiels (semences et engrais), et empêchent les petits exploitants agricoles de produire dans les meilleures conditions et d’acheminer leurs produits vers les marchés. La question est aujourd’hui de savoir comment assurer aux petits producteurs l’accès aux intrants et aux financements pour cultiver et vendre et ainsi garantir la sécurité alimentaire et soutenir leurs moyens d’existence.
Les retombées économiques de la crise pourraient basculer dans l’extrême pauvreté les ruraux qui travaillent en majorité dans de petites exploitations agricoles. Il est donc essentiel que la réponse au COVID-19 comprenne un volet relatif à la sécurité alimentaire et cible les populations pauvres des zones rurales et non seulement les couches les plus défavorisées des zones urbaines, la majorité des déshérités et de ceux qui souffrent de la faim vivant dans les zones rurales.
