On se souvient tous de la tragique publication faite par le ministère de l’Education nationale comme quoi la longueur de la jupe d’une fille pourrait inciter les désirs viscéraux des pervers et entraîner ainsi un viol. On se souvient de la réaction des femmes malgaches et qui a permis la naissance du mouvement « Ma jupe, mon droit ». Mais tout porte à croire que pour le ministère comme pour le mouvement, le message n’est pas bien passé.
Le harcèlement est devenu une pratique répandue et tolérée de tous à Madagascar. A un point tel que les femmes n’osent plus se plaindre ni en parler au risque d’être pointée du doigt pour leur comportement ou leur façon de s’habiller. S’il y a une chose que le ministère de l’éducation a oublié de faire avant d’envoyer cette publication, c’est d’éduquer tout d’abord les pervers. En effet, quitte à faire une communication sur l’importance de ne pas se vêtir court pour éviter de se faire harceler par les violeurs potentiels, autant apprendre à ces gentilshommes de ne s’attaquer qu’à filles courtes vêtues. Et pourtant, c’est un code d’honneur qu’ils ne sont pas foutus de respecter. Tu peux t’habiller avec une robe si longue à en balayer la route mais dans les rues d’Antananarivo, tu te feras toujours harceler. Blague à part, puisqu’il faut parler d’éducation, il est temps de rappeler que chaque personne dispose de son corps comme bon lui semble. Aucune tierce personne ne peut empiéter sur tes droits sous prétexte que tu réveilles ses pires impulsions. C’est une nouvelle qui a fait le tour de la toile : une femme a giflé un homme qui s’est permis de lui toucher les seins et le monsieur l’a giflé à son tour en disant « ce n’est pas moi qui t’as dit d’avoir les gros seins ».
Quelle société voudrions-nous laisser à nos enfants si dans nos actes, on met plus d’énergie à justifier l’action d’un violeur qu’à comprendre le sentiment de la victime ? Quelle valeur morale véhicule-t-on en mettant autant de fougue à justifier le harcèlement au lieu de tenter de l’éradiquer ? Une société est à l’image de son système éducatif et quand on voit la réalité malgache, il est temps de nous poser la question sur l’éducation de nos enfants.

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