Haute-ville un site perdu ?

On y est, et on espère que la lettre envoyée par l’Unesco à l’autorité malgache suffira pour mettre les pieds de nos dirigeants sur terre au lieu de nous vendre des projets farfelus qui ne profiteront à personne. La réhabilitation du Rova dont l’incendie remonte à des dizaines d’années a toujours été un signe de défaite pour les malgaches sans exception. Actuellement, nombreux préféreront le Rova non réhabilité riche en histoire que la version de pacotille que le Président de la République et le Ministère de la Communication et de la Culture essaient de nous vendre. S’ils arrivent au bout de leurs projets effectivement, le Rova Manjakamiadana rejoindra sans conteste la longue liste des immeubles tape-à-l’œil vide de sens et de vie. Au mieux, ce ne sera plus qu’un lieu à visiter pour la population pauvre de Madagascar afin de voir des hologrammes pour une fois de leurs vies.

On est en droit de nous poser sérieusement la question : est-ce que l’Etat malgache veut saborder toutes les chances de Madagascar d’inscrire le site de la Haute Ville dans le patrimoine immatériel de l’Unesco ? La légitimité de cette question réside dans le fait que les réhabilitations entreprises par le gouvernement jusqu’ici ne respectent pas une démarche de protection et de conservation de la forme initiale du Rova. Mettre des ascenseurs, des hologrammes, des bibliothèques et d’autres balivernes parait innovant certes mais dénature cette dernière demeure des rois malgaches. Comme si cela ne suffisait pas, il n’y a pas si longtemps, le ministère de la Communication et de la Culture s’est amusé à peindre grossièrement un pan de route comprise dans le site de la Haute ville sans prendre la peine de s’excuser auprès de la population malgache qui s’est insurgée contre cette profanation au goût particulièrement douteux.

On ne le dira jamais assez, si le Président souhaite peindre à ses couleurs des bâtisses, mettre des hologrammes dans un bâtiment avec ascenseurs. N’en déplaise qu’il le fasse mais ailleurs, loin de la Haute Ville à Tanamasoandro par exemple. On ne lui en tiendra pas rigueur. Qu’il fasse un bâtiment à son image et qui contera son histoire de visionnaire ou de chapelier fou sans pour autant pervertir les vestiges historiques laissés par d’autres grands hommes et femmes de la nation. La préservation du patrimoine historique n’est pas que l’affaire des dirigeants et il est temps que la population malgache prend en main ses richesses culturelles.

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