C’est un président malgache fier et décidé à ne pas se faire marcher sur les pieds qui a affronté les journalistes français hier. Bien déterminé à protéger sa position et les vertus du « tambavy national », il tient tête jusqu’au bout à des géants comme l’Organisation Mondiale de la Santé ou les autorités de l’Union Africaine. Le Président de la République a d’ailleurs mentionné que le bras de fer est engagé et Madagascar n’a pas l’intention de fléchir.
Et dans cette lutte, Madagascar s’est lui-même attribué son rôle : on parle d’un Covid-Organics et Goliath, on parle énormément des irréductibles malgaches, on parle d’un pays qui œuvre pour une mission divine que nulle personne sur terre ne saura empêcher sur les murs de la Présidence. Dans les chaînes nationales, on envoie fréquemment une vidéo mettant en scène une certaine prophétesse qui nous raconte la manière dont Madagascar sauvera le monde d’une crise biologique. Encore un peu et nos dirigeants en feront un film qui narrera au public du grand écran comment un pays qu’on a trop souvent associé à un dessin animé s’émancipe et met sa cape de héros pour sauver le monde. Une histoire digne d’un conte de fée. Mais hélas on est dans la réalité. Et sur le plan mondial, elle est loin d’être rayonnante car c’est un monde à l’agonie qu’on a actuellement à cause de la pandémie de Covid-19.
Madagascar est en guerre et l’équipe gouvernementale focalise son effort par rapport à cela. Mais on est particulièrement en droit de se demander si le pays ne se trompe pas de combat. Effectivement, s’il y a un ennemi que le pays devrait terrasser c’est sans doute la pandémie. Alors que les autorités sont occupées à chercher et obtenir la reconnaissance mondiale avec notre « remède local », les scènes de vies dans l’épicentre de l’épidémie comme à Antananarivo, Antsirabe, Toamasina sont alarmantes. Les différentes entités s’emmêlent dans les chiffres sur les nombres de contaminés à tel point que la population malgache doute et ne sait plus qui croire. Dans les différents transports en commun, les gels désinfectants sont devenus de l’histoire ancienne. L’association Fitia dirigée par la première dame n’offre plus les gels désinfectants, le ministère des transports va jeter les gants prochainement. Il a été annoncé qu’il incombera aux propriétaires des bus d’acheter ces gels. Une nouvelle quelque peu déroutante car en situation normale, les transporteurs demandent déjà des aides de l’Etat afin de ne pas augmenter le prix des transports et actuellement, alors qu’on leur demande de ne travailler qu’à une demi-journée, de ne pas remplir à ras le bord comme habituellement leurs véhicules comme d’habitude, on va encore leur dire de prendre à leur charge les gels désinfectants. C’est trop demander. Dans nos rues, seuls les gens qui portent les masques nous rappellent que le Covid-19 est encore dans l’air. Les gestes barrières relégués dans l’oubli, les précautions à prendre aux oubliettes. On dirait qu’on exorcise le sort sous prétexte qu’on a le remède et pourtant force est de constater que le fameux « tambavy Covid-organics » est tout juste au stade d’observation clinique selon les dires du Président. Une sagesse malgache suggère « aza mandihy tsy afa-tavony », en effet, certaines entités ne reprochent pas à Madagascar d’avoir trouvé le remède mais plutôt de crier victoire alors que le produit n’a pas été encore soumis au test scientifique de rigueur.

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