REFONDATION DE LA REPUBLIQUE : « Tout doit changer », selon Yves Razanamasy

Une Constitution pérenne pour servir le développement socioéconomique. C’est en gros  le souhait de nombreux observateurs de la vie nationale. Yves Razanamasy, consultant et expert en communication comportementale est parmi ces observateurs. Il a bien voulu nous faire part de ses impressions, lors d’un entretien à bâtons rompus, sur la marche actuelle des affaires nationales.

Comment voyez-vous la situation actuelle dans le pays ?

Le pays travers une crise. Les derniers événements qui se sont passés en sont les preuves. Il y a eu trop de dérives dans la conduite des affaires publiques, et c’est ce qui a conduit à une révolte de la population.

De quelles dérives parlez-vous ?

Cela se voit d’elles-mêmes. L’ancien pouvoir annonce et promet monts et merveilles pour l’amélioration de la vie des citoyens mais ses pratiques vont dans le mauvais sens. Un adage dit que la patience a ses limites, mais là, la coupe est pleine. Il fallait donc y mettre un terme avant que les choses ne s’empirent encore. Maintenant la situation doit changer.

A quels changements doit-on s’attendre  pour la concrétisation de la refondation prônée par le pouvoir ?

Parler de refondation suppose que tout doit changer. Je précise toutefois que cela ne concerne pas seulement les structures étatiques et les pratiques du voir, mais également les mentalités de tous les citoyens, bref des gouvernants et des gouvernés. Un des changements qu’il faut faire porte sur la Constitution. Prenons seulement l’exemple des Etats-Unis d’Amérique. Leur Constitution date de plus de 200 ans,  mais elle a toujours été respectée par les Américains. Certes, il y a eu des amendements mais l’esprit de cette Constitution est resté intact. Ce qui a fait l’essor et le développement des Etats-Unis au premier rang mondial des puissances économiques et même militaires. Je pense que la prochaine concertation nationale qu’on projette devrait sérieusement y réfléchir.

Pour en revenir à cette révolte que avez évoquée tout à l’heure, certains disent que c’était une préparation d’un coup d’Etat. Qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas que c’était un coup d’Etat .Je disais que c’était une révolte contre les dérives de l’ancien pouvoir. La HCC avalisé cette révolte à travers la mise en place du nouveau pouvoir présidé par le Colonel Michaël Randrianirina. Et tout le monde sait que la décision de la HCC est irrévocable.

Que pouvez-vous dire sur l’affaire Ravatomanga ?

Il ne m’appartient pas de juger qui que ce soit. Je trouve quand même qu’il n’est pas le seul, car il y a aussi des Karana, des Chinois et autres qui doivent répondre de leurs actes devant la Justice. Laissons donc cette Justice faire son travail !

En parlant maintenant de développement, quelles sont les priorités que vous suggérez ?

Tout me semble prioritaire,  mais pour nous autres Malagasy, je pense qu’il faute mettre l’accent sur l’agriculture et nos richesses naturelles. Le développement de l’agriculture nous mènera vers l’autosuffisance alimentaire tant clamée depuis des lurettes tandis qu’une meilleure gestion et exploitation des nos richesses naturelles (minières et du sous-sol) nous sera entièrement utile. Rétablir ou redynamiser, par exemple,  la SINPA  inciterait les paysans à produire davantage. Et pourquoi aussi ne pas créer des Magasins M dans tous les quartiers pour uniquement la vente de PPN ? A un moment, on avait annoncé la mise en place d’une EPP dans les quartiers mais cela n’a pas abouti. Pourquoi ne le ferait-on pas alors maintenant ? Car il ne faut pas oublier que l’éducation de base a aussi un rôle important dans le processus du développement socioéconomique du pays. C’est peut-être une œuvre de longue haleine, mais si tout le monde y met du sien, cela devrait aller plus vite.

Recueillis par

Miadana Andriamaro

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