L’exploitation des terres rares à Madagascar est un exemple de néocolonialisme au nom de la transition verte impulsée par les pays du Nord. L’impact de l’extraction de matières premières sur les territoires riches en ressources du Sud s’ajoute à la dette historique de l’héritage colonial et extractiviste. La transition énergétique et numérique est portée par l’extractivisme vert.
Alors que la crise climatique s’accélère, la transition verte est devenue un slogan. Parallèlement, la polarisation s’accentue avec l’essor du capitalisme numérique, et la titrisation revient à l’ordre du jour des puissances mondiales. Dans ce contexte, et dans un monde aux ressources limitées, le contrôle des matières premières est crucial. Ce rapport répond au besoin ressenti de faire la lumière sur les bénéficiaires et les bénéficiaires de cette nouvelle ruée vers les matières premières, ainsi que sur les dynamiques mondiales qui accélèrent ces processus au nom de la transition vers un monde « vert » et sobre en carbone.
Il vise à s’appuyer sur les travaux antérieurs de l’Observatoire de la dette dans la mondialisation (ODG) pour produire une analyse critique de la transition énergétique et de son emprise par les entreprises (par exemple, l’exploitation du lithium au Chili et en Argentine), ainsi que sur les travaux menés avec des alliés internationaux sous l’égide du Groupe des éléments des terres rares. Plus précisément, il se concentre sur trois cas identifiés dans la Carte des impacts et des conflits des terres rares, publiée en 2023 en collaboration avec l’ EjAtlas , l’ Institute for Policy Studies et le CRAAD-OI.
En juillet 2024, deux membres de l’ODG se sont rendus à Madagascar pour une mission d’enquête afin de mieux comprendre le vécu des communautés en première ligne face à d’éventuels projets d’exploitation minière de terres rares dans le pays. Ce travail de terrain a été réalisé en collaboration avec le CRAAD-OI (Centre de recherche et d’appui aux alternatives de développement – Océan Indien), une organisation locale, et n’aurait pas été possible sans lui. Les informations contenues dans ce rapport s’appuient sur plus de 18 entretiens avec des communautés, des chefs traditionnels, des militants et des chercheurs du pays.
Dans la première section, nous décrivons la réalité mondiale des terres rares (TR) dans le contexte de la transition dite « verte » et les facteurs à l’origine de cette nouvelle poussée vers les matières premières . La section suivante se concentre sur les territoires qui supportent le fardeau de l’extraction des terres rares à Madagascar , expliquant comment la quête de TR impacte les populations locales et les formes émergentes de résistance. Ensuite, des schémas communs sont identifiés dans les trois cas étudiés . La section quatre identifie les entreprises transnationales à l’origine des projets . Le développement de la résistance aux projets miniers est expliqué dans la section cinq. Enfin, le rapport se conclut par quelques réflexions finales.
Ce rapport vise à contribuer au débat sur ce que pourrait être une transition socio-écologique mondiale véritablement juste. Il met en lumière les contradictions d’un système qui prétend s’efforcer de réduire les émissions sans s’attaquer aux inégalités mondiales. Quels intérêts se cachent derrière cette nouvelle ruée vers les matières premières ? S’agit-il de la planète ou d’un capitalisme en pleine mutation ?

Pour mieux vous servir, l’AMP travaillera dans le respect de tout un chacun, dans la réalité des actualités et de ce qui nous entoure. L’objectivité sera notre mot d’ordre.