Depuis 2017, l’Office international de l’eau (OIEau) mène un projet de gestion intégrée des ressources en eau sur le bassin versant du lac Itasy. Le but est de préserver ce lac menacé par des pressions anthropiques et d’assurer le développement inclusif du territoire aux bénéfices des populations. Dans la lettre mensuelle du Programme Solidarité-Eau (PS-Eau) publiée au mois d’octobre, un projet sera réalisé en vue d’améliorer la gouvernance des ressources en eau du lac Itasy.
La région Itasy comprend le quatrième plan d’eau de Madagascar, le lac naturel d’Itasy, d’une superficie de 3.500 hectares, qui constitue un centre d’activités économiques de première importance tout autant qu’un écosystème particulier des hautes terres malgaches. Son bassin versant couvre une superficie d’environ 677 km². L’absence de plan de gestion et de mise en oeuvre d’actions de protection à la hauteur des dégradations de cet espace naturel sur les dernières décennies a eu pour conséquence le développement de diverses problématiques : surexploitation des ressources halieutiques, pollution des sols, perte du couvert végétal et intensification des phénomènes érosifs. A ce constat s’ajoutent les problématiques liées à l’absence de gestion des déchets et de l’assainissement, envenimant une situation sanitaire qui, au-delà des limites qu’elle impose aux activités touristiques, est devenue une cause de préoccupation majeure pour la santé des riverains.

Contrat du lac
Ce constat a été partagé lors d’une rencontre entre l’OIEau et les représentants de la région Itasy et des services techniques déconcentrés en mars 2017. Ce premier échange avait alors permis d’identifier les problématiques du bassin et de co-construire le cadre du projet qui est conduit depuis mars 2018, pour une durée de 24 mois avec l’appui technique et financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Pour faciliter la mise en oeuvre de ce projet, l’OIEau bénéficie d’un solide réseau de partenaires dont le ministère malgache de l’Energie, de l’Eau et des Hydrocarbures (MEEH) et la région Nouvelle-Aquitaine qui travaille avec la région Itasy depuis 10 ans. Après 10 mois de concertation, la structure du comité a été définie (statut juridique, mission, objectif et membres) puis officialisée en Comité de gestion du lac Itasy (COGELI) en février 2019. Le COGELI a pour mission d’élaborer le « contrat de lac », outil de planification des ressources en eau, puis de le mettre en oeuvre. La méthodologie utilisée s’inspire des expériences développées sur le bassin Rhône Méditerranée Corse. Les différents appui-conseil apportés ont permis de définir les premières pistes d’actions à mettre en œuvre, à savoir la gestion des hauteurs d’eau, l’adduction d’eau potable, les mesures d’agroécologie ou agroforesterie pour limiter les risques d’érosion et de pollution des sols…
Mise à jour des données sur le lac Itasy
Un des piliers de la mise en oeuvre de la GIRE est l’organisation et la gestion des données. C’est pourquoi un rapport synthétisant l’ensemble des données disponibles sur le lac Itasy a été réalisé grâce à quatre stagiaires issus de la formation « eau et environnement » de l’Institut d’enseignement supérieur Soavinandriana Itasy (IESSI). Cette étude a abordé les aspects quantitatifs (caractéristiques physiques du lac et de ses affluents) et qualitatifs (présence de polluant, turbidité, etc.) afin de viser une meilleure connaissance des pressions sur les ressources en eau. Cet exercice pédagogique a permis de sensibiliser les développeurs de demain au modèle de GIRE tout en permettant de produire des outils d’aide à la décision nécessaires aux membres du Comité de gestion du lac Itasy. Une seconde phase du projet DECLIIC permettra de mettre à jour les données de prévalence des principales maladies parasitaires (bilharziose, amibiases et tenia) sur les localités riveraines du lac Itasy. L’étude sera réalisée par l’Institut Pasteur.
Ensuite, une proposition concrète de plan d’action a été formulée. Il s’agit notamment de faciliter la valorisation des données sur l’eau via une plateforme en ligne (www.aquacoope.org/madagascar), d’établir un catalogue de métadonnées, de développer un service web de cartographie dynamique et d’appuyer la région Itasy via l’organisation de sessions de formation à distance de deux de ses techniciens qui se sont déroulées durant la première année du projet. La première phase du projet se terminera en mars 2020. Des pistes de prolongation sont déjà à l’étude. L’appui au comité de gestion devrait se poursuivre pour accompagner la mise en oeuvre et le suivi du contrat de lac.

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