Les centres de santé de base (CSB) constituent un élément essentiel dans le système de protection des enfants maltraités. Ils font partie des portes d’entrée du signalement des cas de violence envers les enfants. Les données fournies dans le bulletin d’information sur la violence et les blessures des enfants à Madagascar, publié en décembre 2018, démontrent que le nombre de cas de violence reçus dans les CSB a diminué de 16%.
Les données sont issues du système d’information sanitaire (GESIS) du ministère de la Santé publique, plus précisément des données du tableau 4 du Rapport mensuel d’activité des Centres de Santé de Base (CSB) dans les 115 districts sanitaires des 22 régions de Madagascar. Produit des travaux d’amélioration du système de données de routine du ministère de la Santé Publique avec l’appui de l’Unicef, ce bulletin donne des informations permettant de mieux comprendre les réalités des enfants au quotidien et ainsi de mieux orienter l’élaboration de politiques basées sur les évidences afin de combattre la violence contre les enfants.
Au cours du premier semestre 2018, 22.447 enfants victimes de violence ou de blessures ont été reçus en consultation externe au niveau des CSB. En comparaison avec les chiffres de l’année précédente pour la même période, le nombre de cas reçus au niveau des CSB a diminué de 16%. Suivant la nomenclature du rapport mensuel d’activité des CSB, les cas les plus fréquemment rapportés sont les autres cas de traumatismes au nombre de 19.148 (17%), suivi par les 1.755 cas d’accidents de travail (4%) et les autres violences telles que la violence physique et émotionnelle (907 cas soit 12%). Les CSB ont aussi enregistré 426 cas de violence sexuelle (15%) et 211 cas de tentative de suicide (12%).
Des violences sexuelles
Toujours d’après le bulletin d’information, par rapport aux chiffres de l’année précédente, la répartition des victimes suivant l’âge et le sexe, demeure inchangée au premier semestre 2018. D’une manière générale, 62% des cas traités au niveau des CSB concernent des garçons. Sur les 426 victimes de violence sexuelle recensées, 94% sont des filles dont la majorité est âgée de moins de 14 ans, avec 306 cas recensés soit 72%. Un cas sur deux des garçons victimes de violence sexuelle concerne des enfants âgés de moins de 15 ans.
Le taux d’incidence national des violences sexuelles sur les enfants reportées est estimé à 3 cas pour 100.000 enfants durant le premier semestre 2018. Les données disponibles indiquent que cinq régions se distinguent par des taux d’incidence élevés, à savoir Sava et Betsiboka, trois fois plus élevé que la moyenne nationale, Diana, Boeny et Alaotra Mangoro. Les régions Sofia Atsinanana, Itasy, Ihorombe et Melaky ont des taux relativement élevés par rapport à la moyenne nationale.
Huit régions en rouge
Durant le premier semestre 2018, huit régions ont enregistré des taux d’incidence supérieurs à la valeur nationale qui était de 169 cas pour 100.000 enfants. La région Sava a le taux d’incidence le plus élevé avec 428 cas pour 100.000 enfants habitant la région, suivie de Diana avec 310 cas recensés, 297 pour la région Boeny, 225 pour Analanjirofo , 221 pour Analamanga, 200 cas pour Alaotra Mangoro , 174 dans la région Bongolava et 173 pour Atsinanana. Par rapport aux chiffres de 2017 de la même période, il est constaté une baisse des taux dans presque toutes les régions sauf pour Bongolava, Atsimo Atsinanana et Haute Matsiatra dans lesquelles le taux a augmenté. Cette fluctuation est essentiellement causée par la variation du nombre des cas rapportés comme autres traumatismes. Ceci étant, le faible taux dans certaines régions comme à Androy est aussi expliqué par un faible taux de fréquentation des formations sanitaires.
Pour les autres formes de violences telles que physique et émotionnelle, le taux d’incidence national est estimé à 7 cas pour 100.000 enfants. Les régions Diana et Itasy ont les taux les plus élevés avec 15 enfants sur 100.000, suivies de Boeny, Bongolava Analamanga et Haute Matsiatra. Menabe, Betsiboka, Amoron’i Mania et Alaotra Mangoro ont des taux relativement élevés.
Il est important de souligner que le choix des CSB pour identifier les cas de violence à l’égard des enfants est évident. Les médecins ont les capacités pour détecter et signaler toutes formes de violence qui arrivent en consultation. Et ce, afin que les enfants victimes puissent bénéficier des autres formes de prise en charge (psychosociale et judiciaire). Les médecins doivent aussi systématiquement référer les cas aux autres services disponibles. Enfin, ces données ne concernent que les cas ayant reçu une prise en charge médicale dans les CSB.
Notons que ce Bulletin d’information a pour objectif d’informer semestriellement, à travers des données officielles et de portée nationale, les divers acteurs intervenant dans le domaine de la protection de l’enfant ainsi que la population sur la situation des violences subies par les enfants.

Pour mieux vous servir, l’AMP travaillera dans le respect de tout un chacun, dans la réalité des actualités et de ce qui nous entoure. L’objectivité sera notre mot d’ordre.