Le dépôt de gerbe à la Place du 13 Mai de ce jour a été raté. Le Préfet et autres autorités compétentes n’ont pas donné l’autorisation. Ils ont peur que les Soixantedouzards vont prendre leurs sièges, et vont ameuter des manifestants. Le Hetsika 13 May 72 a dû se contenter d’un mur de tôle face au Lapan’ny tanàna pour déposer leur gerbe à la mémoire d’une quarantaine d’étudiants morts pour la Patrie.
« Hetsika 13 May 72 »n est une initiative de feu Maitre Willy Razafinjatovo. De son vivant, il a voulu que la Place du 13 Mai demeure un symbole de la lutte populaire pour une vraie indépendance du pays. C’était durant cette manifestation que le Président Tsiranana a été déchu, laissant place à un pouvoir militaire dirigé par le Général Ramanantsoa. Les aspirations au changement étaient nombreuses, car du temps de Tsiranana, la France était encore présente dans tous les secteurs-clés, dont la mainmise de l’Economie du pays. La malgachisation était également au programme des changements radicaux.
Il est tout à fait évident, que ceux qui sont pour la France, sont contre le mouvement du « Hetsika May 72 ». C’est pourquoi le Préfet d’Antananarivo, sous les ordres de l’Elu du Peuple, citoyen français n’a pas autorisé le dépôt de gerbe que l’on fait annuellement. En tout cas, ce n’est pas un mouvement politique, bien que populaire. C’est plutôt une action pour le respect d’un symbole de lutte populaire. La première depuis l’Histoire de Madagascar. Et ce sont les étudiants en 1972 qui ont débuté les manifestations par des grèves, puis des réunions quotidiennes pour réfléchir sur l’avenir du pays. Les autorités en place n’ont pas digéré le mouvement et ont arrêté ceux qui étaient à Ankatso. Ils ont été emprisonnés à Nosilava. C’était la nuit du 12 mai 1972. Le lendemain, une manif s’est déplacée à Analakely pour réclamer leur libération. Un affrontement s’est déroulé devant l’Hôtel de ville où les FRS (Forces Républicaines de la Sécurité) ont tiré à bout portant sur les premières lignes des étudiants. Une quarantaine est tombée sous les balles réelles. D’autres manifestations de ce genre se déroulaient en province, mais, un mort, du nom de Modeste a été enregistré à Ambalavao. Son corps a été transporté dans la capitale. Tsiranana été obligé de démissionner, alors qu’il venait de ramasser plus de 95% aux dernières présidentielles.
Mais tout compte fait, les résolutions de Mai 72 sont laissées dans les tiroirs des dirigeants. La France tenait encore à rester à Madagascar. Les accords de coopération avec la France, qui s’en suivaient n’étaient pas satisfaisants. La population actuelle devrait connaître et comprendre l’Histoire de Madagascar. Une gerbe à la mémoire des morts de Mai 72 ne devrait pas être interdite !
