« Kere ». Ce terme n’est pas bien perçu dans le Sud profond. Pour les uns, c’est une honte pour eux d’utiliser et d’entendre ce mot, un tabou. Pour les autres, c’est une forme de mendicité, c’est une période difficile où la nourriture se fait rare. Mais après tout, c’est un mot qui caractérise une population. Le politique l’utilise quand la mauvaise gouvernance est à l’extrême. Le « kere » politique !
Nous ne cessons de répéter et de rabâcher que cette situation alimentaire, de défaillance ou de manque est un faux problème. La population du Sud malagasy n’a pas faim en réalité. C’est les dirigeants qui créent cette situation pour démontrer qu’ils font quelque chose pour le pays. Histoire de récolter des fonds d’aide et de les détourner.
Depuis fort longtemps, le Sud n’a jamais connu un développement. Le « Sadiavahe » a été à l’origine du choix politique des colonisateurs français, qui ont essuyé une humiliation lors de leur conquête. Et pour les punir, ils ont abandonné toute forme de développement. L’objectif est de les éliminer, mais les populations ont résisté. Durant les premières années de l’indépendance, plusieurs projets ont été abandonnés. Maintenant c’est l’apanage des actions humanitaires, entre autres, l’Unicef, le PAM et aussi Fitia. On évalue et on distribue des vivres. On change le menu des habitants du Sud car ils vont manger des pâtes et des sardines. Allons ! Le réalisme est de rigueur. Le riz n’est pas leur aliment quotidien. C’est pour les familles aisées des grands villages mais pas pour toute la population, habituée à consommer les choses visibles, comme d’habitude. Il n’y a pas de rizières dans ces régions reculées.
Cette population, fière de l’être, ne veut pas qu’on se mêle de leur façon de vivre qui n’est qu’un passage vers l’au-delà. En ce moment, des projets sont en vue, désalinisation de l’eau de mer, pipeline, puits… Puis, on change leur façon de vie avec le « kere » Jusqu’à quand ? En tout cas, rien n’a réussi. Une autre vision du Sud, cimetière des projets, est à revoir…
