« Manara-penitra » !

C’est le nouveau vocabulaire en vogue depuis ces derniers temps, et que l’on peut traduire littéralement par “selon les normes”.

Mais au-delà des différentes infrastructures qui ont été construites et celles qu’on prévoit de les faire prochainement… selon les normes, il y aurait bien autre chose que l’on voudrait aussi être « manara-penitra ». Il s’agit des pratiques politiques dont on parle depuis des années, mais dont la plupart sont loin de respecter les normes. On se dénigre ou on s’accuse continuellement. A un certain moment, feu Herizo Razafimahaleo avait initié une rencontre destinée à repenser ces pratiques politiques dans le respect de l’éthique, mais rien n’a changé jusqu’ici. Plus concrètement, quand tout va mal, tout le monde s’esquive et quand tout semble aller mieux, tout le monde répond présent. 

Ce que l’on peut dire est que la bêtise et l’outrecuidance, l’effronterie et l’arrogance, l’impudence et  la mauvaise foi sont devenues des qualités politiques. Pour dire tout simplement que la démocratie, faite de respect pour les citoyens,  a disparu depuis longtemps ou n’a jamais existé et qu’il est donc parfaitement inutile d’en faire une valeur de référence.

La démocratie est la nouvelle vache sacrée. En Inde, les passants la respectent mais la chassent quand elle barre ou gêne leur route. A Madagascar, les politiciens appellent le respect de la démocratie de tous leurs vœux, mais leurs agissements la contournent à tout instant. Abjurant la foi en l’exigence démocratique des débats d’idées, les belligérants descendent parfois de la tribune et règlent à coups de poings leurs différends dans la rue. Manifs illégales et grèves sauvages ou « gros bras » et arnaques sous diverses formes font partie  de la panoplie du parfait politicien. Ils lui sont nécessaires pour exister. L’important est de faire illusion, faute d’un vrai idéal et de vrais projets de société qui convainquent les citoyens électeurs. Tout est dans l’exhibition, même au risque de ne tromper que soi-même. La popularité se mesure à l’envergure des manifs, mais les vrais militants se comptent sur les doigts de la main au sortir des isoloirs et des urnes. Combien de candidats ont eu la défaite amère, quand ils escomptaient sur la victoire après avoir rempli tout un stade à ras bord, le dernier jour de la campagne ? Des spectateurs ne sont pas des militants. Ils applaudissent un plateau de vedettes, non un commanditaire qui en est pour ses frais. Un spectacle (gratuit) mobilise toujours des foules…

Tout cela a mené Madagascar bien loin de la « vache sacrée » démocratie, vendue sur la place publique pour  gagner le pouvoir. Qui croit encore aux politiciens ? 

Mais gageons maintenant que cette démocratie puisse s’exprimer… dans les normes, objet de ces élections communales  « manara-penitra » que l’on s’apprête à organiser le 27 novembre prochain.

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