Le vieux du quartier a été alerté ce matin par ses proches d’aller tirer les gratifications du Roi à l’occasion du 26 juin, fête de l’Indépendance. Sans tarder, et laissant son petit gagne-pain de vendeur de poisson sec, il courut à la Perception, comme pour prendre sa pension trimestriel. Il revient très déçu : « 50.000 ariary ! Voilà ce que le Roi m’a offert » déclara t-il à tout le monde, après les services effectués dans une société privée durant 60 ans. Les uns, familles proches sont contents, les autres, amis du quartier, n’ont rien dit. « Allons trinquer ! Invite le vieux ». Quelques uns le suivent dans un petit bar insalubre. Quelques minutes plus tard, ils sortent, ayant pris quelques bouteilles de bière et de la viande séchée en guise d’accompagnement. « Le reste, c’est pour le goûter de mon petit garçon que j’emmènerai à Mahamasina voir le défilé » annonce le vieux. Il n’aurait jamais pu avoir un sac de riz dont le prix est de 180.000 ariary. Même pas 25 kg.
50 mille. C’est quoi ça, Sire Roi ? C’est votre satisfaction pour les retraités ? Cinq billets de 10 mille pour fêter les 65 ans du retour à l’Indépendance. Le vieux raconte avec fierté qu’il a vu le président français Charles de Gaule à Mahamasina en 1958. Et des histoires et des histoires de belle vie, sans pauvreté. Maintenant, il attend sa mort, avec des regrets. Il a compris la mauvaise gouvernance, l’exploitation et l’égoïsme des riches et des gouvernants.
Pourquoi tant de différence entre les millions d’ariary des Grands et 50 mille des Anciens ? Et dans tout cela, beaucoup n’ont pas encore eu leurs pensions et retraites. Leurs dossiers pourrissent dans les tiroirs des ministères. Peut-on être fier de cette situation ? Réflexions…
