Survie !

Le froid est incontournable pour ce mois de juin, mais on résiste, avec le peu de moyen disponible. Le rejeton devrait passer son premier examen, le CEPE, sans problème. C’est important pour l’éducation. La mère a tout préparé d’avance, les habits chauds et le repas de midi, car, ils vont occuper le petit jardin près du Centre d’examen pour « piqueniquer ». Au menu, du poisson. La maîtresse a dit qu’il faut en manger pour garder la lucidité. Ce jour, il y a avait une orange, c’est rare. « Comment s’est passé ? » demande la mère, qui a vaqué à son lessive, ce mardi. « J’ai su quand même, mais… » Répond l’enfant, qui prend un petit coin pour apprécier le mets, un peu spécial. Il faut se préparer aussi pour les épreuves de l’après-midi. Inquiète dans son fort intérieur, la mère encourage son fils, qui n’a jamais connu l’affection de son père, souvent absent de la maison pour son travail, paraît-il. La mère a attendu jusqu’à la sortie des examens. « Alors ? » Pas de réponse de la part du rejeton, qui balance vite sa main dans le panier pour prendre un bout de pain sec. Et la journée est terminée.

Cette scène, d’une petite famille pauvre, est pathétique et émouvante. Beaucoup l’ont vécu ce jour du CEPE. Un examen final de l’école primaire pour tester s’il l’élève est capable d’accéder au secondaire. Mais sur le plan professionnel, ce diplôme ne vaut plus rien. Il sera accroché au mur ou ternie dans une valise au coin de la maison. Car, personne ne va considérer ce papier pour avoir un boulot. Même pour les autres. A Madagascar, les diplômes ne donnent même pas l’accès aux emplois. Un licencié d’Université ou un médecin devient un chauffeur de taxi-moto. Pour avoir un travail, il faut payer cher ou issu d’une famille de ministre ou d’un haut gradé. Les certificats des études, ou diplômes sont dévalorisés à Madagascar. Mais un DJ peut devenir un président.

Quel avenir pour nos enfants, avec tout ce qui ne va pas au pays ? Après le CEPE… la Survie.

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