La Journée mondiale des océans célébrée tous les 8 juin a été une occasion pour rappeler au monde entier leur importance dans notre quotidien surtout pour le cas de Madagascar où bon nombre de gens vivent des activités de la pêche en tant qu’une île. En cette Journée, force est de constater à quel point les petits pêcheurs Malagasy sont bouleversés par la crise sanitaire actuelle occasionnée par la pandémie du Covid-19.
Il est important de rappeler tout d’abord que le secteur de la pêche nourrit de nombreuses familles, mais assure également les revenus des plus de 100.000 petits pêcheurs de la Grande île. Depuis le début du confinement lié au Covid-19, le quotidien de ces pêcheurs s’est dégradé. « Cette crise sanitaire risque de coûter cher aux communautés des pêcheurs si des mesures de facilitation de l’écoulement des produits de pêche, l’accès aux marchés, la transformation des produits, l’accès aux informations et l’acheminement des produits de première nécessité ne seront pas prises » affirme Lalaina Rakotonaivo du WWF, avec inquiétude. La suspension des activités de pêche engendre des manques à gagner importants pour différents acteurs du secteur, tels que pêcheurs, mareyeurs et collecteurs.
Sans acheteurs, le prix des produits de la pêche est tombé au dixième du prix normal dans certaines régions. L’accès très limité aux marchés et l’absence de revenus contraignent certains pêcheurs à emprunter. À Ankazomborona, dans la baie d’Ambaro, Amedy Ben Issouf, pêcheur, confie que « depuis mars, nous ne générons plus aucun bénéfice et nous vendons à perte nos produits. Comme nous n’arrivons pas à les épuiser, nous sommes contraints de les vendre à prix dérisoire, soit 10 unités à seulement 2.000 ariary (0,5 euro). Nous sommes maintenant obligés de saler et sécher environ la moitié de nos thons et maquereaux qui sont rapidement périssables ».
Au-delà de ces nombreux défis, les efforts entrepris par ces communautés pour la gestion durable des ressources marines se poursuivent avec le soutien du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, du WWF et du ministère allemand de la coopération économique et du développement (BMZ). Les pêcheurs regroupés dans leurs aires marines gérées localement (LMMA) renforcent les patrouilles dans le nord-ouest de Madagascar, et les activités de suivi et de collecte de données sur la petite pêche se poursuivent. Leur dévouement a permis de repérer des coupes illicites de mangroves à l’exemple des 200 hectares de mangroves défrichées à Ambanja au mois de mai.
